A l’heure où en France et ailleurs, beaucoup s’interrogent sur l’intérêt de légaliser l’euthanasie ; à l’heure où nos sociétés nous imposent d’être beau et performant ; à l’heure où la différence fait peur à certains ; où les plus faibles dérangent de plus en plus… des enfants, des parents, des fratries, des grands-parents, des soignants se battent contre
la maladie et le handicap d’une manière admirable ! Ce que nous, adultes, ne serions peut-être pas capables de supporter et que nous jugerions sûrement intolérable et sans issue, eux, les enfants, en font un chemin de vie.
Ce livre a été écrit pour souligner leur force de vie et le courage de ceux qui
les entourent au quotidien. Je pense particulièrement à tous ces enfants
qui, quoi qu’entièrement paralysés, très lourdement handicapés ou très
gravement malades, ne se plaignent presque jamais et parviennent non seulement
à être joyeux mais en plus à communiquer leur joie d’être à ceux qui les
côtoient. J’ai voulu écrire ce livre pour leur rendre hommage.
retrouver le goût de vivre alors qu’il est subitement entièrement
paralysé ?
parler des maltraitances ou des abus sexuels qu’il a subis ?
reprendre contact avec ses parents défigurés (par des machines, des plaies,
etc.) ?
fin de vie à confier ses questions et ses angoisses sur la mort ?
dont l’enfant est confronté à l’insoutenable ?
fratrie tout au long de l’hospitalisation, voire du décès, de leur frère ou de
leur sœur ?
aider les soignants à tenir dans la confrontation régulière à la souffrance et
à la mort ?
soi pour prendre soin des autres ?
attention, il n’est pas forcément facile à lire ! Non pas à cause de concepts théoriques difficiles à comprendre mais simplement parce que j’ai souhaité y transmettre beaucoup de la réalité de mon travail de psychologue en réanimation pédiatrique, soins intensifs et neuropédiatrie. Vous y découvrirez donc de nombreux cas cliniques. Rappelez-vous qu’ils n’ont pas été vécus les uns à la suite des autres, mais se sont étalé sur plus de quinze ans. Les entretiens rapportés ici ne sont pas des modèles. Je ne suis pas partie de ma pratique parce qu’elle est meilleure qu’une autre mais parce que c’est celle que je connais le mieux !! Je ne détiens pas la vérité, loin de là ! Malgré mes années d’expérience, je travaille toujours davantage avec mes doutes qu’avec mes certitudes car chaque
histoire est différente et m’apprend chaque fois quelque chose de nouveau ! A partir de mes notes ou celles de mes stagiaires, à partir de films ou d’entretiens enregistrés, j’ai tenté de retranscrire les dialogues le plus fidèlement possible, sans occulter mes faiblesses, mes mécanismes de défense ou mon contre-transfert. J’ai bien souvent été tentée de modifier telle ou telle parole que j’ai prononcée et relire certaines de mes réactions n’a pas toujours été facile : mon but n’est pas de donner une image idéalisée du psychologue mais, au contraire, de montrer comment travailler avec ses défaillances et ses limites… avec son humanité ! Il vous manquera toujours, même si j’ai essayé de l’intégrer, tout ce que j’ai pu comprendre à travers le langage non-verbal des personnes que je recevais en entretien. Certaines de mes questions peuvent apparaître abruptes à la lecture mais en réalité elles arrivent souvent après de longs temps de silence (indiqué par trois points de suspension) et mettent en mots ce que me transmet le langage non-verbal, les mimiques du visage, le rythme de la respiration etc.
hospitalière m’a donné d’entendre comment les enfants ou adolescents arrivent à trouver un chemin de vie lorsqu’ils sont confrontés à des situations insoutenables de part la gravité de leur maladie ou la lourdeur de leur handicap. Beaucoup s’interrogent sur le sens que peut avoir la vie de ces enfants tellement diminués. En tout cas, je sais que leur façon de vivre les drames qu’ils ont à affronter donnent sens à ma vie. Ils me livrent un merveilleux cadeau tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel et je ne saurais jamais les remercier à la hauteur de ce qu’ils m’ont donné.