Psychologue clinicienne spécialisée dans la prise en charge pré ou post-traumatique d’enfants ou de jeunes ayant subi des accidents, des maltraitances, ou qui sont handicapés, gravement malades ou en fin de vie. Au sein du service de réanimation et de neurologie pédiatrique dans lequel je travaille, j’accompagne les proches (parents, grands-parents, fratrie, proches…) et les équipes soignantes (soutien, formation, éclairage éthique…). Je propose aussi pour les enfants ou les adultes qui le souhaitent un suivi pendant toute la période de deuil.
Je suis également expert judiciaire près la Cour d’Appel de Versailles, spécialisé dans les crimes sur mineures.
Formatrice, conférencière. Je propose des formations ou week-ends pour apprendre à prendre soin de soi et développer sa force de vie.
Auteure ; vous pourrez retrouver ma façon de voir la vie dans mes articles et mes livres (« Parents heureux = enfants heureux : prendre soin de soi pour mieux prendre soin d’eux » ; « Le courage des lucioles : ma vie de psychologue auprès des enfants à l’hôpital » ; « Accompagner l’enfant hospitalisé : handicapé, gravement malade ou en fin de vie »)
Co-fondatrice de l’association SEM (Soutien de l’Enfant Malade, à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches) : cliquez ici pour en savoir plus.
Pour me contacter, vous pouvez envoyer un mail à : muriel.derome@rpc.aphp.fr
Autrement, je suis une maman comme les autres !
Avant de commencer mes études de psychologie, chaque fois que je rencontrais une psychologue je me disais deux choses. D’abord : elle doit si bien savoir lire dans les pensées ou décoder le langage non verbal que, d’une manière ou d’une autre, elle sait certainement tout de moi sans que je lui dise quoi que ce soit. Et ensuite : les psychologues pour enfants sont forcément de super parents.
Vingt-cinq ans plus tard, après plus de sept années d’études et quatre enfants, je ne sais toujours pas lire dans les pensées et je suis une maman ordinaire. J’ai envie de vous dire, comme Florence Foresti : « Moi, j’ai toujours été une mère parfaite… jusqu’à ce que j’aie des enfants ! »
Au début de ma carrière, je pensais savoir exactement ce qu’il fallait faire ou dire face à de jeunes enfants ou à des adolescents. Heureusement, mes quatre enfants se sont chargés de me faire découvrir la vraie vie. Ils m’ont notamment appris que :
Chaque enfant est unique, il n’est donc pas souhaitable de les élever tous de la même manière. Chacun a des besoins spécifiques dont nous devons tenir compte.
Autant dire que, comme toutes les mamans, ce qu’ils me donnent à vivre me laisse souvent perplexe. Alors que les problématiques et les dynamiques familiales peuvent m’apparaître clairement dans le cadre de ma pratique professionnelle, au sein de ma propre famille il m’arrive d’avoir « le nez dans le guidon » et de ne pas percevoir combien mon attitude est parfois inadaptée. Mes a priori de départ ont fait place à de fréquents réajustements. Je me suis aperçue que mon approche doit être constamment réinventée en fonction de leurs âges et de leur évolution.
C’est facile de se tromper en cherchant à se faire aimer de ses enfants, de leur faire plaisir plutôt que de les aider à grandir, de se négliger soi-même ou de mettre son couple entre parenthèses sous prétexte qu’on veut être à leur écoute.
Je m’interroge sans cesse : Comment prendre soin de moi tout en étant attentive à mes enfants ? Comment rester disponible quand on a tant de linge à plier, de repas à préparer, de choses à penser et à organiser dans sa vie privée ou professionnelle… ? Comment rendre mes enfants heureux et responsables ? Comment faire en sorte qu’ils soient attentifs aux autres et dans une juste attention à eux-mêmes ?
Il se trouve que mon métier me met face à des situations paroxystiques. Depuis plus de vingt ans, je suis psychologue dans le service de réanimation pédiatrique, soins intensifs et neuro-pédiatriques à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches.
Après la découverte d’une maladie, d’une malformation ou d’un handicap, des enfants, du jour au lendemain ou de manière progressive, sont confrontés à la différence, à la douleur, à la souffrance, parfois même à la mort. Ils sont obligés d’être hospitalisés durant des semaines, des mois ou des années. Certains, entièrement paralysés, trachéotomisés, complètement dépendants de machines pour bouger, respirer ou se nourrir, devront passer toute leur enfance dans ce service sans pouvoir rentrer chez eux.
Tout s’embrouille alors. Comment être parent quand on n’est plus celui qui décide des activités, des menus, des apprentissages, du rythme de vie ? Comment rester proche de son enfant quand les soignants passent plus de temps que nous avec lui ? J’ai entendu un jour un parent se mettre en colère contre une aide-soignante : « Vous lui donnez à manger, vous lui donnez son bain, vous l’habillez, vous rangez ses affaires, la maîtresse vient lui donner des cours, l’éducatrice vient lui faire découvrir de nouveaux jeux, la kiné le masse… OK, j’accepte tout, parce que c’est dans son intérêt. Mais si vous vous mettez en plus à lui couper les ongles, là vous dépassez les bornes ! Comment voulez-vous que je me sente encore parent ? »
Les enfants, les familles et les soignants que j’ai rencontrés m’ont profondément transformée année après année. Ils m’ont tant appris que je voudrais partager avec vous la richesse de ce qu’ils m’ont fait découvrir.
Je suis à cheval entre deux mondes. Du côté des familles en bonne santé, l’insouciance d’une existence heureuse vécue comme une évidence ; du côté des familles frappées par la maladie ou le handicap, un gouffre au fond duquel elles se battent pour rester vivantes.
Car le monde de l’hôpital n’est pas forcément un lieu sans vie, bien au contraire. La souffrance, la douleur et les larmes y alternent avec la joie, les rires et le bonheur de vivre. Je vois des enfants très gravement malades, parfois très seuls, savourer la vie avec tellement d’intensité que cela donne une saveur particulière à ma propre existence.
Forcément, on ne peut pas être parent de la même manière dans un cas et dans l’autre. Dans les familles en bonne santé, tout est naturellement léger et le temps passe à une allure folle. Le bonheur est là mais, parce que tout est trop simple, qu’il n’y a pas d’épreuve pour le mettre en relief, il passe inaperçu. Obnubilés par les tracas de la vie quotidienne, nous passons souvent à côté de la joie que nous pourrions saisir chaque jour.
Dans les familles en souffrance, en revanche, chaque seconde a un prix, car le temps qui reste à vivre avec l’enfant est compté. Chaque instant est à la fois douloureux et magnifique. Douloureux car fondamentalement éphémère, et magnifique car pleinement vécu. Ainsi, la maman d’Insaf, 11 ans, a appris à apprécier chaque jour et le partage avec moi : « Aujourd’hui, c’est un bon jour, elle a réussi à avaler deux petites cuillères de yaourt et elle arrive encore à bouger un tout petit peu sa main droite, alors on a pu aller se promener. Elle conduit très bien son fauteuil roulant électrique maintenant et sa maîtresse dit qu’elle a su compter jusqu’à 10, c’est un progrès. Comme je suis fière de ma fille ! Bien entendu, on ne compare jamais à avant-hier, je veux dire avant sa maladie. Seulement à hier. Et nous nous réjouissons chaque jour car nous ne savons pas si demain sera meilleur. »
Quand on s’occupe d’enfants malades ou handicapés, chaque situation est particulière, au-delà des spécificités de la pathologie et la rencontre n’est possible que dans un rapport authentique.
J’ai découvert l’incroyable force de vie dont sont capables les bébés, enfants ou adolescents confrontés à des situations extrêmes. Ils peuvent parfois se dire plus heureux que d’autres qui ont pourtant tout pour eux, mais plus aucun désir. Ce qui leur est essentiel se manifeste de façon flagrante à l’hôpital. Ils m’ont appris que, au cœur de la détresse ou de la souffrance, demeure une joie que l’on peut accueillir si l’on réussit à la saisir.
Sur ce site, je voudrais vous raconter comment, en tant que passeur entre le monde des bien-portants et celui des enfants malades ou handicapés, je dois chaque jour veiller à prendre soin de moi pour ne pas être anéantie ou happée par les situations dramatiques que je rencontre. J’ai souhaité créer ce site pour essayer de répondre à ces questions cruciales, presque vitales : comment rester « réceptive au bonheur » en étant quotidiennement confrontée à la souffrance, à la maladie, au handicap, voire à la mort ? Jusqu’où partager ce que je vis à l’hôpital ? Que dire de mes journées à mon mari, à mes enfants, à mes amis, sans les traumatiser, les angoisser ou les « plomber » ? Ces questions se sont posées à moi dès le début de ma pratique hospitalière et ne m’ont jamais quittée.
J’espère que ce site vous donnera envie de mieux prendre soin de vous et de ceux qui vous entourent et vous incitera, comme savent si bien le faire les enfants, à saisir la joie au cœur de chacune de vos journées.